Ce que je pense, ce que je crois et ce que j’espère
En ces temps incertains, où les informations, parfois contradictoires, nous abreuvent de leur vérité péremptoire, comment communiquer ou exprimer une idée ? En parler encore ou se taire et attendre ? Comment promouvoir nos produits ou même simplement commercer quand tout le monde est dans l’urgence ?
J’ai décidé de prendre ma plume de chef d’entreprise pour tenter d’apporter un éclairage sur ce qui doit être important aujourd’hui, et nécessaire pour demain. Non pas pour dire ce que je sais (car vues les circonstances, je paraphraserai Socrate et son « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien »). Mais bien pour dire ce que je pense, ce que je crois et surtout ce que j’espère.
Ce que je pense
L’heure est grave. Réellement grave. Le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint que déjà les services de soins sont saturés. Les morts toujours plus nombreux chaque jour sont annoncés dans une avalanche de chiffre tous plus terrifiants les uns que les autres. Nous connaissons tous quelqu’un atteint par ce virus, et nous connaitrons certainement tous quelqu’un qui perdra la vie au cours de cette épidémie.
L’économie s’arrête, brutalement. En tant que fabricant de machines d’impression, Codimag contribue à sa façon avec une ouverture quotidienne, assure le SAV, mais quid des nouvelles machines que nous ne pouvons installer aujourd’hui chez nos clients et des prochaines commandes dont les délais sont incertains ? Quand et comment Codimag sortira de cette crise, malgré les politiques de soutien aux entreprises, historiques par leur montant et leur ampleur ?
Quand et comment mes salariés, auxquels je pense, jours et nuits, pourront reprendre une activité normale alors que plus rien n’est normal aujourd’hui, ni le contexte sanitaire, ni les approvisionnements en matière, ni les opportunités d’affaires ?
Comment préserver mes fournisseurs, pour certains déjà fragiles, et dont les emplois dépendent, eux aussi, de l’activité de Codimag ?
Comment compter sur mes clients imprimeurs qui, s’ils continuent à travailler presque normalement en cette période de crise, voient eux aussi arriver un ralentissement conséquent du fait de l’écroulement de l’économie ?
Je pense que dans cette incertitude, notre agilité, tant sur le plan personnel qu’organisationnel, sera la clé. Une solidarité agile avec nos proches, nos collègues, nos fournisseurs, clients, agents et partenaires, implication des actionnaires, des partenaires financiers. Soyons habiles, malins et pragmatiques ! Des sacrifices (en travail, en argent, en temps) devront être assumés par tous, tout en protégeant les plus fragiles. Notre manière de fonctionner devra en tenir compte, mais notre capacité de travail en sera alors décuplée et les retards occasionnés par le confinement bientôt rattrapés. J’en profite pour adresser un clin d’œil à mes salariés concernant la digitalisation des process de Codimag. Notre agilité passe notamment par cette digitalisation déjà entamée, et qui, au travers de cette situation, démontre ô combien cela est nécessaire, utile et efficace.
Ce que je crois
« Le monde ne sera plus comme avant ». J’ai entendu cette phrase tellement de fois après la crise de 2008, où, alors que je travaillais sur les marchés financiers, le monde financier s’écroulait. En fait, le monde a repris son cours.
Pourtant, depuis, de nouveaux enjeux forts ont émergé au cours de la dernière décennie : défis technologiques, nécessaire prise en compte de l’environnement, terrorisme et instabilité géopolitique.
Cette nouvelle crise fait émerger de façon plus criante un point que certains avaient voulu enterrer : la nécessité de proximité. Et pas uniquement la proximité géographique.
Dialogues entre fournisseurs et clients, proximité sociale malgré le confinement (vous avez découvert les apéros en visio conférence ?). Plus globalement, la proximité dans l’écoute et la relation entre tous les agents économiques. Nous voyons émerger de nouvelles formes de solidarité de proximité : les membres de Croissance Plus (dont je suis un heureux membre) qui mettent leurs outils de productions ou leurs actifs à disposition de la solidarité nationale ou internationale, avec la production ou l’importation de masques par exemple. Les coups de mains entre voisins ou collègues se multiplient, la communion avec le personnel soignant tous les soirs à 20h en France avec ces applaudissements nous réjouit.
Je crois que cette solidarité de proximité, au cœur de la crise, est d’une part une réponse à l’urgence et d’autre part l’expression d’un besoin de confraternité dans l’isolement que connaissent, du fait du confinement, 3 Milliards d’êtres humains aujourd’hui. Je ne sais pas si cette solidarité survivra à la crise, mais je crois qu’aujourd’hui, nous en avons besoin et elle nous fait du bien.
Je crois que certaines valeurs auront à l’avenir une résonnance plus importante. Relocalisation industrielle, valeurs des entreprises, vertu du modèle d’affaires basé sur notre activité de fabricants d’équipement industriels… Quand je présente Codimag, j’insiste souvent sur les valeurs de notre entreprise : une entreprise familiale, engagée, technologique, qui apporte à ses clients un support exceptionnel, avec un business model vertueux où le client dispose d’un équipement efficace, performant, durable et pérenne. Une manière différente de produire peut-être, mais une manière efficiente, flexible et polyvalente. La fidélité de nos clients nous honore et le démontre, sachons le faire comprendre à tous ceux qui n’ont pas encore goûté à notre technologie !
Ce que j’espère
« Le monde ne sera plus comme avant ». Le leitmotiv revient aujourd’hui comme toujours en temps de crise. Mais cette fois-ci, touchés dans notre chair et notre intégrité physique, au-delà des considérations économiques, c’est un sursaut auquel notre Humanité va devoir répondre. Avec conviction, détermination, une bonne dose de courage et partout, de la confiance. Nos hommes politiques, si souvent critiqués, ne se trompent toutefois pas sur le diagnostic. La crise est grave, l’urgence est là, mais il faut imaginer déjà le monde d’après, et profiter de ce sursaut salutaire pour notre bien commun.
J’espère un monde solidaire, pertinent, bienveillant même, loin des absurdités de la finance déraisonnée, du monde de la consommation à outrance.
J’espère un monde respectueux de son environnement, car l’humanité aura perçu à tous les niveaux la fragilité de nos existences. Un monde où les agents économiques et les parties prenantes sauront agir de manière raisonnable. Des opportunités surgiront, et Codimag ne manquera pas de les saisir. Mais dans ce difficile monde d’après, le plus important est que nous ne perdions pas les valeurs qui font notre force depuis 42 ans. Vous pourrez compter sur moi pour les porter et les défendre.
Traversons cette crise ensemble, Imprimons l’avenir ensemble.
Benoit DEMOL, Président de Codimag